Quelle indélicatesse ! Quel mépris pour l’une des plus belles ruines au monde, récemment élevée au rang de merveille du monde…
Mais pourtant oui, je l’affirme, je considère le MachuPicchu comme l’ancêtre du Club Med. Gérard Blitz n’a rien inventé le 27 avril 1950 sur l’ile de Palma de Majorque.
En effet, les rapports sont formels…
Premièrement, le MachuPicchu n’est pas la fameuse cite perdue des Incas
Secondement, le MachuPicchu n’est pas un centre religieux, ni un centre militaire.
Et donc comme les rapports l’indiquent, c’était la résidence secondaire (d’été pourrait-on dire) de l’Inca Pachacutec.
Alors qu’est ce l’Inca ?
En général, on parle (faussement) des Incas.. On peut parler de la dynastie des Incas, comme on parle de la dynastie des pharaons. Mais pour autant, appelle-t-on les égyptiens les pharaons ? Non. Donc de même n’appelons pas tout les gens qui ont vécu à cette époque les Incas, parce que le titre d’Inca est en fait réservé à l’être « suprême » c’est à dire l’empereur.
Le peuple, ou plutôt ses sujets s’appellent donc les hommes andins (en tout cas c’est comme cela que les locaux se présentent), tout comme on appelle les sujets du pharaon les égyptiens.
Un peu d’histoire.
MachuPicchu a été construit aux alentours de 1440 après Jésus Christ comme résidence secondaire pour l’Inca Pachacutec, loin des tribulations et du bruit de la capitale Cusco (aujourd’hui capitale régionale, mais à l’époque Cusco était la capitale de l’empire Inca).
Le site perché sur un promontoire rocheux coincé entre la montagne Machupicchu et celle de Huyana Pichu se situe à 2438m de hauteur.
Il se divise en deux zones :
- Une zone agricole matérialisée par les terrasses qui pouvaient nourrir jusqu’à 10000 personnes.
- Une zone urbaine divisée en plusieurs quartiers :
- Un quartier sacré où se trouvent les temples notamment celui dédié au dieu Soleil, la divinité la plus importante du panthéon inca. Aujourd’hui, ce quartier aurait été labellisé de cinq tridents club med.
- Un quartier populaire. Celui-ci n’aurait été gratifié, je pense, que de deux trident. Premier prix, entrée de gamme, mais je pense qu’à l’époque cela devait déjà valoir le coup..
- Un quartier pour nobles et ecclésiastiques. Pas un quartier à cinq mais plutôt entre trois et quatre tridents. Le nombre de tridents dépendrait surement de la localisation de la maison par rapport au temple du soleil, de le présence de jardins privés ainsi que de la vue sur la vallée.
Ce sont donc entre 300 et 1000 habitants qui appartiennent à l’élite qui vivent sur place dans la cour de l’Inca. On retrouve aussi des tailleurs de pierre et de métaux qui continuent à embellir le site. Les travaux agricoles sont effectués par des mitmaqkuna qui venaient des différents provinces de l’empire (la plupart du temps, ils y ont été amenés de force, tout comme feront plus tard les espagnols avec les populations conquises – ces derniers n’ont donc rien inventé).
L’Inca devait surtout en profiter pour recevoir, jouer dans les jardins privés, boire, se relaxer, aller prier, bref, une vie comparable à quiconque irait passer une semaine ou deux au club Med à Djerba ou en Tunisie… La vue y est superbe, le temps clair et ensoleillé (sauf entre novembre et mars), et beaucoup moins froid que la capitale Cusco, que demander de plus ?
Tout comme le club Med qui est en perte de vitesse après le décès de son créateur, le MachuPicchu est au fur et à mesure abandonné jusqu’à que les espagnols arrivent. En effet après la mort de l’Inca Pachacutec, le site privé tombe en quelque sorte dans le domaine public et ses rentes ne servent qu’à financer le culte du défunt roi. C’est à ce moment là que la ville perd de son importance
Qui a découvert le site ?
Scientifiquement par Hiram Bingham (un professeur nord-americain… on se croirait presque dans la saga Indiana Jones) en 1911. Mais au fur et à mesure on apprend que d’autres chercheurs/archéologues l’on visité bien avant lui. En effet en 2008 est avancé une hypothèse selon laquelle un chercheur de mines allemand l’aurait visite en 1860 soit bien longtemps avant 1911. Mais Hiram Bingham a au moins le mérite d’avoir été le premier à reconnaître l’importance des ruines, et de divulguer les résultats de ses fouilles archéologiques.
Pourtant on sent au Pérou une volonté de minimiser cette découverte scientifique de 1911 en maximisant le fait que des paysans locaux vivaient non loin des ruines et que c’est grâce notamment à l’un d’entre eux que le site a été « scientifiquement » découvert.
La machine touristique
Bref, depuis cette découverte « scientifique » le MachuPicchu est sans conteste la destination touristique la plus visitée du Pérou, et on s’en rend bien compte quand on arrive à la caisse pour payer…
Pour augmenter l’attrait de ces ruines, le gouvernement péruvien a décider de limiter le nombrer journalier de visiteurs.. Pour éviter les dommages dit-on… Je pense plutôt à un coup de pub pour renforcer l’image d’exclusivité du site, qui en passant, est vraiment magnifique et vaut le détour.
Mais on y sent quand même la machine touristique bien rodée…
Les bus qui vous y emmènent vous couteront pas moins de 10$ (juste pour l’aller, comptez autant pour redescendre) et l’entrée est fixée au prix de 53$. Ne partez donc pas sans sous au Pérou, le pays de l’oncle Picsou.
Sur votre ticket, vous y verrez tout une liste de recommandations (ne pas venir avec de l’eau en bouteille, pas de nourriture, pas de sac à dos ayant une contenance supérieure à 20 litres, etc…) qui ne servent à rien… Tout le monde mange sur place, boit, vient avec des sacs de 30 ou 40 Litres et personne ne dit rien.
Par contre, ce qui n’est pas écrit est qu’il faut venir avec son passeport pour bien vérifier que le nom sur le ticket est bien le votre… Ou sinon, on ne rentre pas (nous l’avons testé pour vous…)
Alors qu’avons nous fait sur place ?
Comme la plupart des gens (et ce que nous vous conseillons fortement), nous avons pris le bus pour monter (donc 10$) depuis Aguas Caliente jusqu’à l’entrée du site.
Là, nous avions une guide (encore une autre recommandation) qui nous a fait un tour de 6 heure du matin jusqu’à 8h30…
Je recommande ici comme dans tous les autres sites historiques du Pérou de le faire avec un guide, sans quoi vous n’y verrez que des tas de pierres insignifiants… Enfin presque.
En parlant de tas de pierres, la chose marrante à noter est que vous pouvez aussi écouter ce que disent les autres guides (quand vous faites votre tour) … Et là l’horreur pour moi, petit touriste féru de vieilles pierres… quand votre guide dit blanc, vous pouvez entendre un autre guide juste à côté dire noir à ses clients….qui donc croire ?
“Le meilleur exemple est celui du temple principal du site (situé dans la zone sacré) Notre guide nous dit que une partie s’est effondrée à cause du nombre trop élevé de touristes qui viennent visiter le site, tandis qu’un autre guide affirme que cela a été causé par un tremblement de terre.
Bref, difficile de savoir… Sauf que quand nous sommes allés visiter le musée MC de la Casa Concha, nous pouvions voir la photo de Hiram Bingham posant à côté de ce même temple en 1911.. et alors ? Et alors les pierres sont telles qu’elles le sont aujourd’hui.
Et en se renseignant un peu plus, on apprend que ce temple était en cours de construction vers 1533 quand les espagnols sont arrivés. Et donc qu’il n’avait pas été encore renforcé comme les autres constructions tout comme le système de drainage de l’eau n’avait pas été terminé. Résultat, les infiltration d’eau ont creusé la terre sous le mur affaibli et provoqué l’affaissement de certaines pierres.. ”
Apres notre visite guidée (qui fut malgré tout très informative) nous avons escaladé la montagne Machupicchu (qui signifie la montagne vieille) par opposition à Huyana Picchu qui signifie la montagne jeune.

In the background, Machupicchu mountain, then the eastern agricultural sector and at the front the stone reserve to build more…
Huyana picchu étant limité à 400 personnes par jour et étant plein pour les 10 prochains jours, nous nous sommes donc rabattus sur sa grande sœur.
Pour monter prévoyez 1h30 de marche… ça monte sec.
Mais quel spectacle d’en haut, le site de Machupicchu, la vallée par laquelle nous sommes venus et Agua Calientes… Magnifique.
A noter que la plupart des villes qui ont été créés par la civilisation Inca ont une forme particulière. Cusco a la forme d’un puma, Machucpicchu celle d’un condor. Mais cette forme ne peut se voir que depuis Huyana Picchu…
Donc si vous voulez vraiment la gravir, réservez votre billet longtemps à l’avance.
La lumière de fin d’après-midi est propice aux photos.
Après notre grimpette, nous sommes restés sur Machupicchu jusque sur les coups de 17h… A 11h, tous les jeunes sans sous (les backpackers comme nous) partent reprendre le train ou surtout le bus qui les attend un peu plus loin dans la vallée) donc le site se vide considérablement. Et vers 14 heures, ce sont les groupes organisés qui débarquent avec une clientèle nettement moins jeune.
Le matin pour les jeunes, l’aprem pour les vieux dirait-on… (sans être irrespectueux…)
Aussi l’après midi, la lumière de fin de journée est plus propice aux jolies photos (quoique les nôtres sont pas terribles, c’était un peu couvert). Un autre conseil finalement serait de passer la journée entière sur le site. De 6 heures du matin pour voir le lever du soleil jusqu’à 17hr/18hr pour le coucher du soleil et sa lumière beaucoup plus chaude.
Des techniques de constructions impressionnantes
Le MachuPicchu, c’est aussi des techniques de constructions impressionnantes…
Ces pierres scellées sans joints et taillées au millimètre près, résistent à tout. Et en 1533, le monde occidental n’arrivait pas à mieux faire que cela.
Les constructions sont typiques du monde Inca c’est à dire avec une base sensiblement plus grande que la partie supérieure ce qui leur confèrent une bonne résistance sismique.
Le meilleur exemple est en fait à Cusco, ou l’on peut comparer les méthodes Incas et occidentales sur les églises qu’ont bâties les espagnols sur les fondations incas.
En bas les fondations Inca aux pierres taillées au millimètre près sans ciment entre elles, finalement très esthétiques. Au dessus d’elles, les pierres des églises espagnoles taillées plus grossièrement, et dont l’emploi de ciment jure avec la finesse et l’élégance de celles situées à quelques centimètres en dessous.
Le second exemple réside dans le fait que les seuls bâtiment qui ont résisté aux différents tremblements de terre de sont ceux qui étaient construit sur les fondations des temples incas. Les autres sont tombés comme des châteaux de cartes.
La visite de MP tout comme des autres sites de la vallée sacrée autour de Cusco permet de réaliser à quel point la civilisation inca était avancée dans l’utilisation de la position du soleil et de la lune pour prédire les saisons et les solstices et donc savoir quelle plante il fallait cultiver au bon moment.
Voilà pour Machupicchu, je vous dis à bientôt pour la suite.
Si vous voulez un autre point de vue sur Machupicchu, je vous conseille d’aller voir le post de Lary, un canadien qui l’a visité récemment. Son article est ici, Hiking Vacation to Machu Picchu | Affordable Adventuret travel qui est en anglais.
A très bientôt.
Jacques&Caro.